Evangile du vendredi 8 février

Saint Matthieu 9, 14-15
Les disciples de Jean Baptiste s'approchent de Jésus en disant : " Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que nous et les pharisiens nous jeûnons ? " Jésus leur répondit : " Les invités de la noce pourraient-ils donc faire pénitence pendant le temps où l'Époux est avec eux ? Mais un temps viendra où l'Époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. "

Pape Benoît XVI

Apprendre à « redonner » l'amour que le Christ révèle par sa croix
Dans mon message de Carême j'ai voulu souligner l'immense amour que Dieu a pour nous, afin que les chrétiens de toute communauté puissent pendant le temps quadragésimal s'arrêter spirituellement, avec Marie et Jean, le disciple bien-aimé, aux côtés de celui qui sur la croix a consommé pour l'humanité le sacrifice de sa vie (Jn 19,26).
Oui, chers frères et soeurs, la croix est la révélation définitive de l'amour et de la miséricorde divine, également pour nous, hommes et femmes de notre époque, qui sommes trop souvent distraits par des préoccupations et des intérêts matériels et passagers.
Dieu est amour, et son amour est le secret de notre bonheur.
Mais pour entrer dans ce mystère d'amour, il n'est aucun autre chemin que celui de se perdre, de se donner, le chemin de la croix.
« Si quelqu'un veut marcher derrière moi, dit le Seigneur, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive » (Mc 8,34).
Voilà pourquoi la liturgie de Carême, tout en nous invitant à la réflexion et à la prière, nous encourage principalement à valoriser la pénitence et le sacrifice, pour rejeter le péché et le mal et pour vaincre l'égoïsme et l'indifférence.
La prière, le jeûne et la pénitence, les oeuvres de charité à l'égard des frères, deviennent ainsi les sentiers spirituels à parcourir pour opérer le retour à Dieu en réponse aux appels répétés à la conversion que comporte aussi la liturgie du Mercredi des cendres (Jl 2,12-13;Mt 6,16-18).
Chers frères et soeurs, que le temps du Carême dans lequel nous entrons...soit pour tous une expérience renouvelée de l'amour miséricordieux du Christ qui sur la croix a versé son sang pour nous.
Mettons-nous avec docilité à son école pour apprendre à « redonner », à notre tour, son amour à notre prochain, spécialement à ceux qui souffrent et sont dans la difficulté.
Telle est la mission de tout disciple du Christ.

Evangile du jeudi 7 février

Saint Luc 9, 22-25
Jésus disait à ses disciples : " Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. " Il leur disait à tous : " Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c'est en se perdant lui-même et en le payant de sa propre existence ? "

Prière envoyée par Célina


Cendres Seigneur, voici nos fronts marqués de cendres, comme les linteaux des portes de ceux que tu allais libérer d’Égypte.
Voici nos cœurs marqués de cendres, celles de nos fautes brûlées par le feu de ton amour.
Voici nos mains marquées de cendres, celles de nos armes détruites par ta tendresse.
Voici nos pieds marqués de cendres, celles des fausses idoles fondues au buisson ardent de la Vérité.
Les chemins où tu nous invites à te suivre sont, eux aussi, marqués de cendres, non en signe de tristesse mais en gage de pureté.
Ta colonne de feu en a brûlé les épines et les cendres fertiliseront le terrain pierreux de nos vies arides.
Ainsi marqués de cendres nous voici, Seigneur, prêts à te suivre sur la route ardente qui conduit à la Vie.
Nous allons y brûler les dépouilles inutiles, les paroles vaines, les gestes de refus.
A l’appel de ta Parole brûlante, nous retournerons nos cœurs et nous nous convertirons à l’Évangile.

Mercredi des Cendres

Pour souligner l'entrée en Carême, la messe d'aujourd'hui sera célébrée par le geste symbolique d'imposition des cendres.
On trouve déjà le symbolisme des cendres dans l'Ancien Testament.
Il évoque globalement la représentation du péché et la fragilité de l'être.
On peut y lire que quand l'homme se recouvre de cendres, c'est qu'il veut montrer à Dieu qu'il reconnaît ses fautes.
Par voie de conséquence, il demande à Dieu le pardon de ses péchés : il fait pénitence.
C'est sur ces bases que s'est construite la signification du Mercredi des Cendres, notamment parce qu'il marque l'ouverture d'une longue période de pénitence : le Carême.
À l'origine, seuls ceux qui avaient gravement péché recevaient "le sac et la cendre" pour se vêtir durant le temps de pénitence qui préparait à leur réintégration dans la communauté chrétienne. Puis, à partir du Xe siècle, ce geste s'est étendu à tous les fidèles, marquant ainsi le début d'une démarche de conversion, de retournement et d'effort sur soi pour se tourner vers le Seigneur (c'est le sens du mot pénitence).
Si la cendre évoque la faiblesse de l'homme (cf. Genèse 3, 19 "Souviens-toi que tu es poussière…"), elle évoque aussi le péché et la fragilité de l'homme (cf. Sagesse 15, 10 ; Ézéchiel 28, 18 ; Malachie 3, 21) et son regret du péché (cf. Judith 4, 11-15 ; Ézéchiel 27, 30).
Pour les chrétiens, l'imposition des cendres est avant tout, un rite pénitentiel dont la signification est portée par la phrase que prononce le prêtre en faisant le geste : "Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle." (Marc 1, 15).
Les cendres que l'on utilise pour la célébration sont faites en brûlant les rameaux bénis au dimanche des rameaux de l'année précédente.
Dans certaines paroisses, on commence le rite des cendres en brûlant un vieux rameau desséché. Le feu qui brûle le rameau évoque le feu de l'amour qui doit réduire en cendre tout ce qui est péché.
Après l'homélie, le prêtre bénit les cendres et les asperge d'eau bénite.
Puis le prêtre impose les cendres sur le front de ceux qui s'approchent de lui en disant "Converti toi et crois à l'Évangile" ou bien "Souviens toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière".
Cerains prêtres déposent un peu de cendres dans les mains au lieu de les imposer sur le front, mais la signification est la même.
Le rite s'achève par la prière universelle.

Evangile du mercredi 6 février

Saint Matthieu 6, 1-6 ; 16-18
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : " Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d'agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Autrement, il n'y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi, quand tu fais l'aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi, comme ceux qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra. Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle : quand ils font leurs prières, ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et les carrefours pour bien se montrer aux hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra. Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra. "

Evangile du mardi 5 février

Saint Marc 5, 21-43
Jésus regagna en barque l'autre rive, et une grande foule s'assembla autour de lui. Il était au bord du lac. Arrive un chef de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : " Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu'elle soit sauvée et qu'elle vive. " Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu'elle l'écrasait. Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans... - Elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans aucune amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré - ... cette femme donc, ayant appris ce qu'on disait de Jésus, vint par derrière dans la foule et toucha son vêtement. Car elle se disait : " Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. " A l'instant, l'hémorragie s'arrêta, et elle ressentit dans son corps qu'elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu'une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : " Qui a touché mes vêtements ? " Ses disciples lui répondaient : " Tu vois bien la foule qui t'écrase, et tu demandes : 'Qui m'a touché ?' " Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait ce geste. Alors la femme, craintive et tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Mais Jésus reprit : " Ma fille, ta foi t'a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. " Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre pour annoncer à celui-ci : " Ta fille vient de mourir. A quoi bon déranger encore le Maître ? " Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de la synagogue : " Ne crains pas, crois seulement. " Il ne laissa personne l'accompagner, sinon Pierre, Jacques, et Jean son frère. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l'agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit : " Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L'enfant n'est pas morte : elle dort. " Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l'enfant, et ceux qui l'accompagnent. Puis il pénètre là où reposait la jeune fille. Il saisit la main de l'enfant, et lui dit : " Talitha koum ", ce qui signifie : " Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! " Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher-elle avait douze ans. Ils en furent complètement bouleversés. Mais Jésus leur recommanda avec insistance que personne ne le sache ; puis il leur dit de la faire manger.

Message du Pape Benoît XVI

« Le Christ pour vous s’est fait pauvre » (2 Cor 8,9)
Chers frères et sœurs !
1. Chaque année, le Carême nous offre une occasion providentielle pour approfondir le sens et la valeur de notre identité chrétienne, et nous stimule à redécouvrir la miséricorde de Dieu pour devenir, à notre tour, plus miséricordieux envers nos frères. Pendant le temps du Carême, l’Église propose certains engagements spécifiques pour accompagner concrètement les fidèles dans ce processus de renouvellement intérieur : ce sont la prière, le jeûne et l’aumône. Cette année, en ce traditionnel Message pour le Carême, je voudrais m’arrêter pour réfléchir sur la pratique de l’aumône : elle est une manière concrète de venir en aide à ceux qui sont dans le besoin, et, en même temps, un exercice ascétique pour se libérer de l’attachement aux biens terrestres. Combien forte est l’attirance des richesses matérielles, et combien doit être ferme notre décision de ne pas l’idolâtrer ! Aussi Jésus affirme-t-il d’une manière péremptoire : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (Lc 16,13). L’aumône nous aide à vaincre cette tentation permanente : elle nous apprend à aller à la rencontre des besoins de notre prochain et à partager avec les autres ce que, par grâce divine, nous possédons. C’est à cela que visent les collectes spéciales en faveur des pauvres, qui sont organisées pendant le Carême en de nombreuses régions du monde. Ainsi, à la purification intérieure s’ajoute un geste de communion ecclésiale, comme cela se passait déjà dans l’Église primitive. Saint Paul en parle dans ses Lettres à propos de la collecte en faveur de la communauté de Jérusalem (cf. 2 Cor 8-9 ; Rm 15, 25-27).
2. Selon l’enseignement de l’Évangile, nous ne sommes pas propriétaires mais administrateurs des biens que nous possédons : ceux-ci ne doivent donc pas être considérés comme notre propriété exclusive, mais comme des moyens à travers lesquels le Seigneur appelle chacun d’entre nous à devenir un instrument de sa providence envers le prochain. Comme le rappelle le Catéchisme de l’Église Catholique, les biens matériels ont une valeur sociale, selon le principe de leur destination universelle (cf. n° 2404). Dans l’Évangile, l’avertissement de Jésus est clair envers ceux qui possèdent des richesses terrestres et ne les utilisent que pour eux-mêmes. Face aux multitudes qui, dépourvues de tout, éprouvent la faim, les paroles de saint Jean prennent des accents de vive remontrance : « Si quelqu'un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » (1 Jn 3, 17). Cet appel au partage résonne avec plus de force dans les pays dont la population est formée d’une majorité de chrétiens, car plus grave encore est leur responsabilité face aux multitudes qui souffrent de l’indigence et de l’abandon. Leur porter secours est un devoir de justice avant même d’être un acte de charité.
3. L’Évangile met en lumière un aspect caractéristique de l’aumône chrétienne : elle doit demeurer cachée. « Que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite », dit Jésus, « afin que ton aumône se fasse en secret » (Mt 6, 3-4). Et juste avant, il avait dit qu’il ne faut pas se vanter de ses bonnes actions, pour ne pas risquer d’être privé de la récompense céleste (cf. Mt 6, 1-2). La préoccupation du disciple est de tout faire pour la plus grande gloire de Dieu. Jésus avertit : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16). Ainsi, tout doit être accompli pour la gloire de Dieu et non pour la nôtre. Ayez-en conscience, chers frères et sœurs, en accomplissant chaque geste d’assistance au prochain, tout en évitant de le transformer en un moyen de se mettre en évidence. Si, en faisant une bonne action, nous ne recherchons pas la gloire de Dieu et le vrai bien de nos frères, mais nous attendons plutôt en retour un avantage personnel ou simplement des louanges, nous nous situons dès lors en dehors de l’esprit évangélique. Dans la société moderne de l’image, il importe de rester attentif, car cette tentation est récurrente. L’aumône évangélique n’est pas simple philanthropie : elle est plutôt une expression concrète de la charité, vertu théologale qui exige la conversion intérieure à l’amour de Dieu et des frères, à l’imitation de Jésus Christ, qui, en mourant sur la Croix, se donna tout entier pour nous. Comment ne pas rendre grâce à Dieu pour les innombrables personnes qui, dans le silence, loin des projecteurs de la société médiatique, accomplissent dans cet esprit des actions généreuses de soutien aux personnes en difficulté ? Il ne sert pas à grand chose que de donner ses biens aux autres si, à cause de cela, le cœur se gonfle de vaine gloire : voilà pourquoi celui qui sait que Dieu « voit dans le secret » et dans le secret le récompensera, ne cherche pas de reconnaissance humaine pour les œuvres de miséricorde qu’il accomplit.
4. En nous invitant à considérer l’aumône avec un regard plus profond, qui transcende la dimension purement matérielle, les Saintes Écritures nous enseignent qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir (cf. Act 20, 35). Quand nous agissons avec amour, nous exprimons la vérité de notre être : nous avons en effet été créés non pour nous-mêmes, mais pour Dieu et pour nos frères (cf. 2 Cor 5, 15). Chaque fois que, par amour pour Dieu, nous partageons nos biens avec notre prochain qui est dans le besoin, nous expérimentons que la plénitude de la vie vient de l’amour et que tout se transforme pour nous en bénédiction sous forme de paix, de satisfaction intérieure et de joie. En récompense de nos aumônes, le Père céleste nous donne sa joie. Mais il y a plus encore : saint Pierre cite parmi les fruits spirituels de l’aumône, le pardon des péchés. « La charité – écrit-il – couvre une multitude de péchés » (1 P 4, 8). La liturgie du Carême le répète souvent, Dieu nous offre, à nous pécheurs, la possibilité d’être pardonnés. Le fait de partager ce que nous possédons avec les pauvres, nous dispose à recevoir un tel don. Je pense en ce moment au grand nombre de ceux qui ressentent le poids du mal accompli et qui, précisément pour cela, se sentent loin de Dieu, apeurés et pratiquement incapables de recourir à Lui. L’aumône, en nous rapprochant des autres, nous rapproche de Dieu, et elle peut devenir l’instrument d’une authentique conversion et d’une réconciliation avec Lui et avec nos frères.
5. L’aumône éduque à la générosité de l’amour. Saint Joseph-Benoît Cottolengo avait l’habitude de recommander : « Ne comptez jamais les pièces que vous donnez, parce que, je le dis toujours : si en faisant l’aumône la main gauche ne doit pas savoir ce que fait la droite, de même la droite ne doit pas savoir ce qu’elle fait elle-même » (Detti e pensieri, Edilibri, n. 201). À ce propos, combien significatif est l’épisode évangélique de la veuve qui, dans sa misère, jette dans le trésor du Temple « tout ce qu’elle avait pour vivre » (Mc 12, 44). Sa petite monnaie, insignifiante, devint un symbole éloquent : cette veuve donna à Dieu non de son superflu, et non pas tant ce qu’elle a, mais ce qu’elle est. Elle, tout entière. Cet épisode émouvant s’insère dans la description des jours qui précèdent immédiatement la passion et la mort de Jésus, Lui qui, comme le note saint Paul, s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté (cf. 2 Cor 8, 9) ; Il s’est donné tout entier pour nous. Le Carême nous pousse à suivre son exemple, y compris à travers la pratique de l’aumône. À son école, nous pouvons apprendre à faire de notre vie un don total ; en l’imitant, nous réussissons à devenir disposés, non pas tant à donner quelque chose de ce que nous possédons, qu’à nous donner nous-mêmes. L’Évangile tout entier ne se résume-t-il pas dans l’unique commandement de la charité ? La pratique quadragésimale de l’aumône devient donc un moyen pour approfondir notre vocation chrétienne. Quand il s’offre gratuitement lui-même, le chrétien témoigne que c’est l’amour et non la richesse matérielle qui dicte les lois de l’existence. C’es donc l’amour qui donne sa valeur à l’aumône, lui qui inspire les diverses formes de don, selon les possibilités et les conditions de chacun.
6. Chers frères et sœurs, le Carême nous invite à nous « entraîner » spirituellement, notamment à travers la pratique de l’aumône, pour croître dans la charité et reconnaître Jésus lui-même dans les pauvres. Les Actes des Apôtres racontent que l’apôtre Pierre s’adressa ainsi au boiteux de naissance qui demandait l’aumône à la porte du Temple : « Je n'ai ni argent, ni or ; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche » (Act 3, 6). Par l’aumône, nous offrons quelque chose de matériel en signe de ce don plus grand que nous pouvons offrir aux autres, l’annonce et le témoignage du Christ : en son Nom est la vraie vie. Que ce temps soit donc caractérisé par un effort personnel et communautaire d’adhésion au Christ pour que nous soyons des témoins de son amour. Que Marie, Mère et Servante fidèle du Seigneur, aide les croyants à livrer le « combat spirituel » du Carême avec les armes de la prière, du jeûne et de la pratique de l’aumône, afin de parvenir aux célébrations des fêtes pascales en étant entièrement renouvelés en esprit. En formulant ces vœux, j’accorde volontiers à tous la Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 30 octobre 2007
BENEDICTUS PP. XVI

Le Carême

Le carême est un temps de pénitence, de prière et de partage. Particulièrement, c'est l'ultime temps de préparation pour les baptêmes d'adultes, traditionnellement célébrés le jour de Pâques. La pénitence peut être marquée par le jeûne ou l'abstinence, comme l'abstention volontaire de viande et laitage, et parfois de nos jours de dessert et de sucrerie. En Europe, le carême a perdu beaucoup de son caractère rituel, au même titre que de nombreux événements religieux, en raison de la sécularisation de la société ; toutefois, de nombreux chrétiens tiennent encore compte du carême de façon plus personnelle. Par exemple, de petits groupes de catholiques se réunissent chaque semaine autour d'un livret, source de réflexion sur leur vie quotidienne (voir Carême à Domicile). Dans d'autres régions du monde, le carême est marqué de diverses façons : ainsi, sur certaines îles des Antilles, les discothèques n'ouvrent pas pendant le carême.
1) origine et histoire
Le nom carême provient de la contraction du mot latin quadragesima, qui signifie quarantième. Il s'agit naturellement d'une référence au jour de Pâques, qui termine le carême. Bien que l'appellation se soit quelque peu perdue, on appelait aussi le carême la sainte quarantaine. La durée de quarante jours elle-même commémore à la fois les quarante années d'errance dans le désert du peuple d'Israël suite à sa fuite d'Égypte et les quarante jours de la tentation du Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique, lors desquels Il fut tenté par Satan, d'après les Évangiles synoptiques. Les dimanches ne faisant pas partie du carême, le carême s'étend en réalité sur quarante-six jours.
2) rituel actuel dans l'Eglise Catholique
De nos jours, le jeûne en tant que tel est presque complètement écarté des pratiques du carême, sauf les jours du mercredi des Cendres et du Vendredi saint. Cependant, la tradition de manger maigre — c'est-à-dire de s'abstenir de viande et de plat à base de graisse animale — le vendredi se perpétue. Le début du Carême est le Mercredi des Cendres, précédé par le Mardi gras et le carnaval(du latin "carnelevamen" qui signifie "oter la viande"). Plus généralement, le carême est l'occasion de s'abstenir d'être gourmand et il revient à chacun de savoir ce que cela signifie pour lui.
Alors que les rites du carême tendent à tomber en désuétude, l'accent est surtout mis à présent sur le caractère spirituel du carême et le jeûne est davantage perçu comme un jeûne spirituel.
La couleur liturgique est le violet (qui peut être remplacé par le rose le quatrième dimanche de Carême, dit dimanche de Lætare).
L'alleluia est supprimé à la Messe, même aux messes des saints, et est remplacé par un trait, chant ayant un caractère plus pénitentiel. Le même trait est utilisé pendant tout le Carême les lundi, mercredi et vendredi :
« Domine, non secundum peccata nostra quæ fecimus nos neque secúndum iniquitátes nostras retríbuas nobis.
V Dómine, ne memíneris iniquitátum nostrárum antiquárum : cito antícipent nos misericórdiæ tuæ, quia páuperes facti sumus nimis.
V Adiuua nos, Deus salutáris noster : et propter glóriam nóminis tui, Dómine, líbera nos : et propítius esto peccátis nostris, propter nomen tuum. »
Trait Ps102, 10 – 78, 8-9
Seigneur, ne nous traite pas selon les péchés que nous avons commis, et ne nous rends pas ce que méritent nos fautes.
V. Seigneur, ne te souviens pas de nos fautes passées; que ta miséricorde nous prévienne plutôt, car nous sommes devenus pauvres à l’extrême.
V. (on fléchit le genou) Aide-nous, Dieu notre sauveur, et pour la gloire de ton nom, Seigneur, délivre-nous, et pardonne-nous nos péchés pour la cause de ton nom.

Evangile du lundi 4 février

Saint Marc 5, 1-20
Ils arrivèrent sur l'autre rive du lac, dans le pays des Géraséniens. Comme Jésus descendait de la barque, aussitôt un homme possédé d'un esprit mauvais sortit du cimetière à sa rencontre ; il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus l'attacher, même avec une chaîne ; en effet on l'avait souvent attaché avec des fers aux pieds et des chaînes, mais il avait rompu les chaînes, brisé les fers, et personne ne pouvait le maîtriser. Sans arrêt, nuit et jour, il était parmi les tombeaux et sur les collines, à crier, et à se blesser avec des pierres. Voyant Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui et cria de toutes ses forces : " Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu très-haut ? Je t'adjure par Dieu, ne me fais pas souffrir ! " Jésus lui disait en effet : " Esprit mauvais, sors de cet homme ! " Et il lui demandait : " Quel est ton nom ? " L'homme lui répond : " Je m'appelle Légion, car nous sommes beaucoup. " Et ils suppliaient Jésus avec insistance de ne pas les chasser en dehors du pays. Or, il y avait là, du côté de la colline, un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. Alors, les esprits mauvais supplièrent Jésus : " Envoie-nous vers ces porcs, et nous entrerons en eux. " Il le leur permit. Alors ils sortirent de l'homme et entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans la mer : il y avait environ deux mille porcs, et ils s'étouffaient dans la mer. Ceux qui les gardaient prirent la fuite, ils annoncèrent la nouvelle dans la ville et dans la campagne, et les gens vinrent voir ce qui s'était passé. Arrivés auprès de Jésus, ils voient le possédé assis, habillé, et devenu raisonnable, lui qui avait eu la légion de démons, et ils furent saisis de crainte. Les témoins leur racontèrent l'aventure du possédé et l'affaire des porcs. Alors ils se mirent à supplier Jésus de partir de leur région. Comme Jésus remontait dans la barque, le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. Il n'y consentit pas, mais il lui dit : " Rentre chez toi, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. " Alors cet homme s'en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l'admiration.

Evangile du dimanche 3 février

Saint Matthieu 5, 1-12
Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait : " Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise ! Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! "

Evangile du samedi 2 février

Saint Luc 2, 22 - 40
" Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon. C'était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. L'Esprit lui avait révélé qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l'Esprit, Siméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l'enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Siméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : " Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple. " Le père et la mère de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. Siméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : " Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. - Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. - " Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S'approchant d'eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L'enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. "